Sur les territoires peu denses (TPD), la voiture est souvent la seule option fiable pour les trajets de tous les jours. Plus de 85 % des Français résidant en zones périurbaines se trouvent dans cette situation, selon la seconde édition du Baromètre des mobilités du quotidien. Alors que la situation apparaît « immuable » pour certains, il existe bel et bien des solutions pour développer la pratique du vélo en zones rurales en périphérie des grandes villes.
La perception de la mobilité douce en zones peu denses
La capacité à choisir son mode de transport dans les TPD est l’un des grands enjeux de l’aménagement du territoire. Alors que les anticipations d’usage de la voiture sont en baisse chez les usagers des grandes aires urbaines, ce n’est pas le cas des habitants des communes isolées.
L’absence de piste cyclable, le sentiment d’insécurité sur les bandes cyclables hors agglomération et les distances à parcourir peuvent décourager l’usage du vélo pour les trajets quotidiens. En zones rurales, où les environnements naturels sont propices aux loisirs à vélos et au cyclisme sportif, la solution est parfois difficilement perçue comme une alternative à la voiture.
Le Baromètre 2020 des mobilités du quotidien rapporte des témoignages qui illustrent bien ce ressenti :
« J’habite à 4 km de l’école, je viens à vélo, mais si je devais prendre la départementale, je ne le ferais pas. Cependant, je ne le fais pas la nuit, je prends ma voiture. Mais, c’est sûr que s’il y avait une piste ou une route sécurisée, ce serait mieux, mais est-ce qu’il y a la place ? », explique une habitante d’une petite commune de plus de 8 000 habitants dans le Maine-et-Loire.
« Le vélo, c’est bien, c'est écologique, mais ça ne rentre pas vraiment dans le cadre du transport, c’est une activité tranquille que font les touristes », confie l’habitante d’une communauté de communes dans l’Yonne. Même secteur, autre son de cloche : « Je rêve de gagner ma vie en pédalant ». Ce dernier avis est celui d’une habitante à l’initiative d’une solution de livraison à domicile à vélo.
Preuve que la qualité des infrastructures, mais aussi la sensibilisation et l’initiative citoyenne ont un rôle à jouer dans le développement du vélo pour les transports quotidiens en TPD.
Tout l’intérêt des pistes cyclables en zones rurales et peu denses
Malgré ces difficultés liées à l’absence ou à l’insuffisance d’infrastructures adaptées, les zones rurales et périurbaines présentent plusieurs avantages pour les trajets à vélo.
Contrairement aux zones urbaines denses, les TPD ne souffrent pas de la congestion du trafic qui est une source de conflits majeure entre les différents usagers de la route.
Les distances plus longues permettent de faire des économies importantes sur les dépenses en carburant en remplacement de la voiture.
La mise en place d’un réseau de pistes cyclables bien structuré avec la mise à disposition de vélos à assistance électrique sont des leviers puissants d’amélioration de la qualité de vie et de lutte contre la « précarité mobilité ».
Exemple d’une communauté de communes proche de Nantes
Au nord de Nantes, la communauté de communes d’Erdre et Gesvres (CCEG) a inauguré en 2022 une liaison douce ouverte aux vélos. Elle relie Treillières, environ 10 000 habitants et Grandchamp-des-Fontaines une commune de moins de 7 000 habitants. La CCEG prévoit la réalisation d’un réseau cyclable de 100 km d’ici 2026 et de 190 km d’ici 2030.
Le projet concentre toutes les difficultés des zones rurales et périurbaines : la sécurité sur des voies partagées limitée à 80 km/h, les chaussées étroites et sans trottoir… Pour apporter des solutions et mettre tout le monde d’accord, il aura fallu plusieurs années de négociation et une enveloppe de plusieurs millions d’euros.
Pour concrétiser ce projet, les communes ont dû convaincre les propriétaires fonciers et les agriculteurs de céder une partie de leurs terrains. Les surfaces supplémentaires ont permis d’aménager un terre-plein qui sécurise les déplacements à pied et à vélo.
Ces travaux s’inscrivent dans une démarche globale d’incitation à la mobilité douce. En 2019, la communauté de communes avait déjà initié un service public de location de vélos électriques. Le dispositif destiné aux actifs avait rapidement trouvé son public et prouvé la pertinence de ces actions en zones plus périphériques.
Deux ans après sa mise en place, le dispositif Véloce avait conquis près de 400 actifs et évité l’équivalent de 10 tonnes de CO2 émis.
Vélo au quotidien : quels sont les leviers pour les collectivités des zones peu denses ?
À l’échelle nationale, les transports représentent 31 % des émissions de gaz à effet de serre. Pour accélérer le déploiement des modes de déplacement alternatifs, le gouvernement a lancé le plan marche et vélo alors que l’ADEME gère les programmes AVELO pour accompagner les territoires dans leur projet d’aménagement.
Le 3e appel à projet du programme AVELO 3 vient de se clôturer en mai. Il permettra au lauréat de bénéficier d’une aide à l’expérimentation, à l'animation et la promotion de politiques cyclables ou encore à la désignation d’un référent en mobilités actives.
Un plan d’aménagement s’articule ainsi sur plusieurs axes, avec la construction d’une part, mais aussi toutes les actions de communication, d’évaluation et de recueil des expériences des usagers en vue de l’amélioration continue de l’offre alternative à la voiture.
Sur le volet construction, les solutions sont multiples avec une nette préférence, largement partagée par les potentiels usagers en TPD, pour les pistes cyclables par rapport aux bandes cyclables. Cela peut passer par l’aménagement de nouvelles voies de type voies vertes. La solution mise en place par la CCEG, d’élargissement de la voie avec création d’un terre-plein central, est une autre option pertinente, et, en l’occurrence, particulièrement bien orchestrée en concertation avec tous les acteurs impliqués.