Accessibilité, fonctionnalité, éclairage, borne de recharge des véhicules électriques… Certains critères font et défont la réputation d’une aire de covoiturage et déterminent le succès et la rentabilité du projet pour la collectivité.
L’aire de covoiturage, plus qu’un point rencontre
Plus qu'un point de rencontre informel, la station de covoiturage est un lieu aménagé pour encadrer la pratique du véhicule partagé.
Sans zone de covoiturage clairement définie par la collectivité, le risque serait d’avoir des arrêts intempestifs et gênants pour la fluidité du trafic. Pour les usagers qui utilisent leur véhicule personnel afin de rejoindre les autres covoitureurs, l’aire dédiée permet de désengorger les autres places de parking en ville. Cet encombrement inutile pourrait notamment freiner l'activité commerciale dans les zones très fréquentées où les places se font rares (centre-ville, quartier historique...).
La signalisation est un élément central pour la création d'une nouvelle aire de covoiturage. Les panneaux doivent être installés dans le paysage visuel des automobilistes, sur les axes stratégiques. L'attractivité d’une aire est un cercle vertueux, plus elle est connue, plus la présence de nombreux usagers rassure, et plus l’aire gagne en popularité…
Pour les collectivités, bien préparer le lancement d'une nouvelle aire est essentiel.
Les enjeux de la construction d’une aire de covoiturage
Les enjeux sont à la fois écoresponsables, économiques et en lien avec la qualité de vie et le dynamisme du territoire.
Émissions de gaz à effet de serre
Réduire le nombre de véhicules en circulation pour transporter le même nombre de personnes permet de réduire le bilan carbone transport de chaque usager.
Qualité de l’air
Plus la pratique se généralise, plus la quantité d’émissions polluantes évitée améliore la qualité de l’air. Ce phénomène est le résultat de la réduction du nombre de véhicules, mais aussi de la fluidité du trafic.
Nuisances sonores
Les nuisances sonores sont aussi réduites, notamment celles liées à la congestion du trafic avec les klaxons et les bruits des moteurs. Les facteurs de stress en ville nuisent au bien-être des riverains et aux activités économiques.
Cadre de vie
D’une manière générale, c'est la qualité de vie dans les quartiers traversés par les grands axes qui peut être améliorée par l'offre en parkings de covoiturage.
Budget des ménages
L’autosolisme pèse lourd sur le budget des ménages. Seul en voiture, l'automobiliste paye la totalité du plein d’essence, alors que celui-ci pourrait être divisé par 5.
Seule alternative loin des centres-villes
En zone périurbaine, l'offre en transport en commun ne permet pas toujours de se rendre sur son lieu de travail ou d’étude. Soit parce que la desserte est insuffisante, soit parce qu'elle est tout simplement inexistante.
La nature des déplacements depuis l’aire de covoiturage
Les principaux leviers d’action s'adressent aux personnes qui effectuent le trajet domicile-travail en voiture. Les autres déplacements peuvent être de très courts et longs trajets (loisirs, vacances).
Les déplacements contraints
Les déplacements contraints sont les trajets domicile-travail pour les actifs, et domicile-lieu d’étude ou de formation. Sur ces profils, les principaux leviers de motivation sont économiques et écologiques.
Les distances parcourues sont relativement courtes (moins de 80 km), mais le potentiel de covoitureurs et la régularité font des trajets domicile-travail/études une priorité. L’offre en covoiturage doit toutefois répondre à des contraintes horaires importantes.
Les autres déplacements
Pour les déplacements de loisirs, la demande est relativement plus souple, notamment pour les départs en vacances sur les longs trajets. Il faut en revanche trouver des offres variées pour rejoindre sa destination.
L'aménagement de la station de covoiturage doit tenir compte du profil d'usagers visé, de la distance moyenne attendue et de la multiplicité des destinations.
Les défis pour la collectivité
La collectivité doit relever plusieurs défis pour mettre en place une aire de covoiturage fonctionnelle et durable avec un réel impact sur la fluidité du trafic, les émissions de gaz à effet de serre et le cadre de vie.
L’accès à l’air de covoiturage
En 2015, l’étude nationale de l’Ademe sur le covoiturage révèle que 85 % des usagers interrogés rejoignent l’air au moyen de leur véhicule personnel. Les répondants utilisant le vélo ou la marche représentent alors une part très marginale, sachant que parmi les 15 % restants la plus petite arrive sur l’air par le covoiturage.
En agglomération, la multiplication des voies dédiées à la mobilité douce et l'aménagement stratégique du territoire encouragent les usagers à privilégier les modes de déplacement sans émissions carbonées. Toutefois, cette dynamique doit être alimentée sans relâche par les collectivités (entretien des voies, installation de bancs publics et de zones de repos...).
Le taux d’occupation
Le taux d’occupation du véhicule est une autre variable décisive pour un déploiement significatif du covoiturage. L'aménagement de l’aire, et plus particulièrement le choix de son emplacement joue ici un rôle important. Si elle se trouve à la croisée de chemins stratégiques entre les quartiers plus résidentiels, les zones d’activités et les grands établissements d'enseignement et de loisirs, il y a toutes les chances que les véhicules quittent l’air avec un taux d'occupation supérieur.
Les bonnes pratiques
Les études ont montré que les aires de covoiturage les plus populaires ont le plus souvent été aménagées sur un point de rencontre spontanée. La qualité de l'aménagement et l'effort promotionnel investi sont décisifs pour le succès de l’aire. Le nombre de places de stationnement doit être adapté à la fréquentation attendue, ce qui suppose une étude préalable sur les usages.
Pour la quiétude et le confort des covoitureurs, la collectivité doit réfléchir à l'éclairage public mis en place sur et à proximité de l’aire. D'autres aménagements contribuent à faire de l'aire un point de rendez-vous privilégié des automobilistes : les bornes de recharge de véhicule électrique, les abris voyageurs pratiques en cas d'intempéries, les poubelles pour le maintien de la propreté ou encore les jardinières et les pots de fleurs pour rendre l'aire plus accueillante.