Dans un contexte où les villes cherchent à concilier attractivité, durabilité et qualité de vie, la marche reprend une place centrale dans les stratégies d’aménagement urbain. Le concept de « ville marchable » s’impose désormais comme un indicateur clé pour mesurer la capacité des espaces urbains à accueillir et encourager les piétons. Mais que recouvre exactement cette notion et comment les collectivités peuvent-elles la favoriser ?
Qu’est-ce qu’une ville marchable ?
Avant d’aborder les leviers pour améliorer la marchabilité, il est essentiel d’en préciser la définition et de comprendre les outils disponibles pour en mesurer le niveau.
Une définition précise : marchabilité et potentiel piétonnier
La ville marchable désigne un espace urbain où la marche est non seulement possible, mais aussi agréable, sûr et efficace. Elle repose sur la marchabilité (« walkability » en anglais), un concept qui évalue la facilité d’accès à pied aux différentes fonctions de la ville : commerces, services publics, transports collectifs, espaces verts.
Comme le souligne Géoconfluences (ENS Lyon), la marchabilité comprend plusieurs critères. Cela concerne plusieurs éléments comme :
- La continuité des chemins,
- La qualité des surfaces,
- La largeur des trottoirs,
- La sécurité des passages piétons,
- L'ombre,
- Le mobilier urbain.
Le Baromètre des villes marchables : un indicateur pour la France
En complément de cette définition, des outils comme le Baromètre des villes marchables, porté par la Fédération française de la randonnée pédestre (FFRP), permettent de mesurer la perception des citoyens et de comparer les territoires. Publié en 2023, ce baromètre offre aux élus et urbanistes une grille d’analyse pour prioriser les actions à mener.
Après avoir clarifié la notion et ses indicateurs, il convient d’explorer les raisons qui rendent cette approche indispensable aux villes.
Pourquoi développer la marchabilité en ville ?
La marche en ville n’est pas qu’un choix pratique. Elle s’inscrit dans des enjeux plus larges qui concernent l’environnement, la santé publique et l’attractivité urbaine. Une ville marchable est à la fois durable, saine et dynamique.
Enjeux environnementaux et de santé publique
Favoriser la marche contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à améliorer la qualité de l’air et à lutter contre la pollution sonore. C’est également un levier pour prévenir la sédentarité et ses conséquences sanitaires. L’Institut Paris Région rappelle que des espaces propices à la marche favorisent une activité physique quotidienne pour l’ensemble des citoyens t renforcent l’image de ville marchable auprès de la population.
Retombées sociales et économiques
Au-delà de l’environnement et de la santé, des quartiers marchables renforcent le lien social en multipliant les interactions entre habitants, favorisant la mixité et la cohésion sociale. Ils stimulent aussi l’activité économique locale en dynamisant les commerces de proximité, en augmentant la fréquentation piétonne et en attirant de nouvelles activités grâce à un cadre de vie plus attractif.
Alignement avec les politiques publiques
Enfin, le développement de la marchabilité répond aux orientations nationales. Le Plan national pour la marche et le vélo, adopté en 2023, illustre la volonté d’accorder davantage de place aux piétons dans l’espace public et d’encourager la création de villes marchables sur tout le territoire.
Ces bénéfices posés, la question suivante est de savoir comment évaluer la marchabilité et planifier les aménagements nécessaires.
Évaluer et planifier la marchabilité
Diagnostiquer la marchabilité d’un territoire est une étape clé avant toute action concrète. Plusieurs approches permettent d’analyser et de concevoir des villes plus accessibles aux piétons. Cette phase est indispensable pour poser les bases d’une ville marchable.
Méthodologies d’évaluation de la ville marchable
L’évaluation de la marchabilité passe par des audits piétonniers, la cartographie des cheminements et la collecte de données sur la fréquentation piétonne. Ces études incluent souvent des enquêtes auprès des habitants pour mieux saisir leur ressenti. Certains outils utilisent des capteurs pour mesurer les flux et identifier les zones à améliorer. Des indicateurs comme le « walkscore » ou les temps d’accès à pied aux services essentiels peuvent compléter cette analyse.
Outils de planification urbaine
Sur la base de ce diagnostic, des solutions d’urbanisme tactique peuvent être mises en œuvre : zones 30, piétonnisation temporaire, élargissement des trottoirs, création de cheminements continus. Ces mesures permettent de tester et d’adapter rapidement les aménagements avant leur pérennisation. L’intégration de ces données dans les documents d’urbanisme locaux (PLU, schémas de mobilité) est également une étape stratégique pour inscrire la marche dans la durée.
Rôle des collectivités et des acteurs locaux
Les collectivités jouent un rôle central dans la co-construction d’une ville marchable. Elles doivent associer habitants, associations, commerçants et partenaires privés pour garantir l’adéquation des projets aux besoins locaux. Des ateliers participatifs et des expérimentations sur le terrain permettent d’aboutir à des solutions adaptées. Le soutien financier des régions, de l’État ou de l’Europe peut également accélérer ces projets.
Une fois la planification établie, l’étape suivante consiste à concrétiser ces objectifs par des aménagements spécifiques.
Des aménagements concrets pour rendre une ville marchable
Le confort et la sécurité des piétons passent par une multitude d’éléments à intégrer dans l’espace public.
Mobilier urbain adapté
Un mobilier urbain de qualité est essentiel pour rendre la marche plus confortable et inclusive. En plus des bancs en béton, on peut mentionner les poubelles, les appuis vélos et la signalétique piétonne qui fluidifient les déplacements. Les équipements d’assise et les assis debout conçus par offrent aux piétons des espaces de repos et des points d’arrêt agréables, favorisant l’inclusivité des personnes âgées et des familles.
Aménagement de l’espace public
Les aménagements de voirie jouent aussi un rôle crucial. Outre l’élargissement des trottoirs, l’installation de parklets, les zones de rencontre et les passages piétons surélevés améliorent la sécurité et l’accessibilité. Ces dispositifs favorisent un cadre de vie apaisé et s’inscrivent dans des démarches plus larges comme les quartiers zéro carbone, visant à réduire les flux motorisés.
Services complémentaires
Pour une expérience piétonne optimale, il est également crucial de prévoir des équipements tels que des sanitaires publics modernes et accessibles, mais aussi des fontaines, des abris contre les intempéries et des bornes de recharge pour appareils mobiles. Ces services apportent un véritable confort d’usage et encouragent la pratique de la marche au quotidien.